80 ans après, la Mairie de Marseille et l’Espace Franco Algérien PACA gravent dans le marbre les massacres Sétif, Guelma et Kherrata.
Reportage vidéo :
C’est l’histoire d’une mémoire… sans histoire justement ! Mais avec cent histoires tant il y eut de péripéties dans la tumultueuse aventure de ce groupe de femmes et d’hommes qui, depuis 2008, se battent pour la reconnaissance à Marseille de « l’Autre 8 mai 1945 », celui des crimes coloniaux perpétrés à Sétif, Guelma et Kherrata, ayant fait des dizaines de milliers de victimes.
Une première victoire est obtenue en 2014 avec l’apposition d’une plaque commémorative en haut de la Canebière. Mais cette plaque sera rapidement détruite, marquant le début d’un long combat, semé d’embûches : profanations, vols, trahisons…
Une lutte de 17 ans
Comme le rappelle Hakim ALLIK, président fondateur de l’Espace Franco-Algérien PACA (EFA-PACA), revenu à la direction de l’association après une période d’absence, cette lutte aura duré 17 années. Une constance qui force le respect, dans un contexte souvent hostile, marqué par l’oubli, l’indifférence ou les pressions.
« Certains passeront toute leur vie à côté de la plaque, du mauvais côté de l’histoire… »
Un acte fort et républicain
Le 8 mai 2025, la Ville de Marseille, représentée par Anthony KREHMEIER, maire du 2/3, honore l’engagement du Maire Benoît PAYAN en organisant une grande cérémonie commémorative à la Porte d’Aix, avec l’apposition d’une nouvelle plaque, cette fois protégée et officialisée. Un geste fort dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie.
L’équipe municipale (élus, cabinet, protocole, services techniques) a su accompagner cette démarche jusqu’à son terme, en permettant une reconnaissance publique de ces crimes coloniaux.
Une mémoire pour la paix, pas pour la revanche
« De Sétif à Gaza, de Kherrata à Rafah, la résistance à l’injustice est la même. »
– Hakim ALLIK, lors de son allocution
Inspiré par Frantz FANON, intellectuel martiniquais devenu Algérien, Hakim ALLIK rappelle que chaque génération doit affronter sa mission : la remplir ou la trahir. Cette commémoration incarne pleinement cet engagement.
L’objectif de l’EFA PACA n’est pas la revanche, mais la coopération entre les peuples, notamment à travers la future création d’un jardin de la réconciliation franco-algérienne, porté par Nasséra BENMARNIA, adjointe au Maire aux parcs et jardins.
Une reconnaissance historique et politique
Le reportage rappelle que c’est Patrick MENNUCCI, maire PS du 1er secteur, qui autorisa en 2013 la première plaque avec l’accord unanime de son conseil d’arrondissement. Elle fut posée en 2014 par sa successeur Sabine BERNASCONI, maire UMP du même secteur — un geste républicain salué en son temps.
Conclusion
L’histoire de cette commémoration est celle d’une persévérance collective, d’une reconnaissance douloureusement acquise, et d’un acte politique et citoyen de mémoire partagée. Elle ouvre désormais la voie à d’autres actions culturelles et diplomatiques en faveur de la paix entre la France et l’Algérie.
